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Belgique : des écoles fermées plus tôt que prévu avant les congés sans consultation des syndicats

Publié 28 octobre 2020 Mis à jour 10 novembre 2020

Les syndicats de l’enseignement belges ont réagi vivement à l’annonce faite par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles d’opter pour l'enseignement à distance pour les élèves du secondaire dès le 28 octobre du fait de la pandémie de COVID-19. Ils ont regretté de n’avoir pas été consultés et le fait que les enseignant∙e∙s ont été pris par surprise, avec très peu de temps pour préparer des cours à distance.

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a en effet opté pour l'enseignement à distance pour les élèves du secondaire dès le 28 octobre, ainsi que pour les deux jours suivants, ont fait savoir le ministre-président Pierre-Yves Jeholet et la ministre de l'enseignement obligatoire Caroline Désir dans un communiqué en date du 25 octobre.

Le communiqué explique aussi que si le maintien de l'école en présentiel doit rester une priorité, les expert∙e∙s sanitaires s'inquiètent des très mauvais chiffres de contamination à la COVID-19 dans la société et des cas constatés dans diverses écoles.

Selon le rapport des expert∙e∙s, l’enseignement à distance pour ces trois jours, suivi des congés scolaires de la Toussaint, déjà allongés jusqu’au 11 novembre, doit permettre de mieux contrôler l'épidémie dans les établissements scolaires et de repartir sur de nouvelles bases dans la durée.

CSC-Enseignement : le gouvernement doit mettre les moyens nécessaires dans l’éducation

« Nous avons pris acte de la décision rapide du Gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles qui fait suite à la recommandation des experts », et « regrettons d’avoir pris connaissance de ces nouvelles mesures par voie de presse », a souligné le secrétaire général de la CSC-Enseignement, Roland Lahaye.

Il a ajouté que, si son syndicat peut comprendre la nécessité d’aplatir la courbe des contaminations en limitant les contacts au sein des écoles, « nous regrettons cependant que, même si les experts se veulent rassurants au niveau des écoles fondamentales, celles-ci deviennent inorganisables par manque soit d’élèves, soit d’enseignants ».

« Nous plaidons pour que les équipements numériques soient fournis et que les enseignants puissent adapter leurs méthodes », a-t-il insisté.

La CSC-Enseignement fait une priorité des aspects sanitaires trop souvent laissés de côté (manque ou absence de gel hydroalcoolique, manque d’entretien ou de désinfection de locaux, fourniture de masques tant pour le personnel que pour les élèves, etc.) Elle exige aussi un testing rapide et efficace.

« Le Gouvernement fait de l’éducation une priorité. Qu’ils y mettent les moyens », a conclu Lahaye.

CGSP-Enseignement : la consultation des syndicats est nécessaire pour le retour en présentiel

La Centrale générale des services publics–Enseignement (CGSP-Enseignement) s’est également avoué très surprise de cette décision des autorités publique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le cabinet de la ministre Caroline Désir nous en a informé quelques minutes avant l’annonce au journal télévisé, a indiqué Joseph Thonon, président communautaire de la CGSP-Enseignement.

« Cependant, nous comprenons la décision prise et estimons même que celle-ci ne peut être que bénéfique au vu de l’évolution plus qu’alarmante de la situation épidémiologique au sein de notre société et particulièrement au sein de nos écoles », a-t-il ajouté.

Il a ainsi rappelé que les affiliés de son syndicat connaissent des conditions de travail extrêmement difficiles et l’augmentation du nombre d’absents, aussi bien parmi les élèves que les enseignants, ne permettaient pas de maintenir cette situation qui, « en plus d’être intenable pour les enseignants, nuit à la qualité du service public ».

Thonon a cependant mis l’accent sur deux points essentiels pour son syndicat :

  • Il est irréaliste de mettre en place un enseignement à distance en seulement deux jours, alors qu’il a été répété aux écoles que le présentiel devait rester la norme. Les écoles ne sont pas suffisamment préparées. De plus, la fracture numérique est bien trop importante et chaque élève n’a pas accès à un ordinateur. « Dans la plupart des cas, le distanciel signifie surtout que nous ferons avec les moyens du bord, des exercices seront donnés aux élèves avec un accompagnement pédagogique minimum », a-t-il dit.
  • Pour l’après-11 novembre et le retour en présentiel, les mesures devront être réadaptées pour correspondre à la situation actuelle et le syndicat devra être consulté « afin que cette décision ne se prenne pas une fois de plus dans la précipitation et colle à la réalité de terrain ».