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Mondes de l'éducation

De l'importance de faire entendre sa voix à la Conférence Internationale du Travail, par Roberto Trochez Bardales

Publié 6 juin 2018 Mis à jour 6 juin 2018
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Je tiens à remercier l’Internationale de l’Education d’avoir offert au Colprosumah l’opportunité de participer à la 107e session de la Conférence internationale du Travail de l’OIT, réunie à Genève en Suisse, afin d’y représenter la fédération syndicale mondiale à laquelle notre organisation est affiliée. Au travers de cette participation, nous nous sommes attelé(e)s à dénoncer en particulier les irrégularités et les violations des droits humains et syndicaux auxquelles se livre le gouvernement du Honduras, ciblant la communauté enseignante nationale et les défenseurs/euses des droits humains. Notre présence nous a également permis de répertorier directement sur place les réussites, tendances et mécanismes au sein du monde du travail, susceptibles de pouvoir nous aider à progresser dans le cadre de la résolution de la problématique générale de l’éducation au Honduras.

Je considère que cette expérience renforce le leadership latino-américain ce qui, en retour, aura une incidence sur la formation des dirigeant(e)s dans chaque pays. Les enseignements tirés de cette expérience devraient normalement nous aider à avancer vers un dialogue avec notre gouvernement, compte tenu de l’engagement qui a été pris par la partie gouvernementale à l’événement, rappelant à maintes reprises l’importance du dialogue social, ainsi que sa volonté de respecter les conclusions du Comité d’expert(e)s. Mais il n’est pas impossible que les mesures qui seront décidées au niveau national par le gouvernement du Honduras ne reflètent pas ses engagements pris à la Conférence et que les attaques dirigées contre les organisations syndicales soient plus fortes encore.

Participer à une Conférence internationale du Travail offre l’occasion de connaître les différents points de vue des employeurs, des travailleurs/euses et des gouvernements participants. Cette expérience démontre la tendance des gouvernements à bâtir des alliances en fonction de leurs propres intérêts et orientations politiques. Souvent, cette alliance implique également les employeurs, qui recherchent clairement les moyens de fragiliser les droits sociaux acquis au prix de plusieurs années de luttes menées par les travailleurs/euses à travers le monde. Un exemple concret, qui concerne également le dossier du Honduras, est le droit de grève : tant les employeurs que les gouvernements ont insisté pour que ce droit ne soit pas pris en compte dans les conclusions du rapport, rappelant que ce dernier n’est pas stipulé dans la Convention 87 de l’OIT.

Dans le cas spécifique du Honduras, le pays se trouve dans une position très délicate dans la mesure où le gouvernement est discrédité aux yeux du monde en raison des violations des droits humains et syndicaux des travailleurs/euses nationaux/ales. Raison pour laquelle, en tant que représentant de l’Internationale de l’Education, j’ai demandé la formation d’une commission de contact, qui serait chargée de se rendre dans le pays pour y collecter à la fois des témoignages et des preuves permettant de déterminer la véritable ampleur de la répression contre les travailleurs/euses, dénoncée ici. Le gouvernement doit renouer le dialogue, en particulier au sein de l’éducation, figurant parmi les secteurs les plus discriminés.

Ce fut l’occasion de connaître les différents points de vue des employeurs, des travailleurs/euses et des gouvernements participants. Il est évident que les gouvernements s’uniront toujours pour défendre leurs intérêts, à l’instar des employeurs. Raison pour laquelle, même s’il fallait s’attendre à des avis divergents face à la collusion des gouvernements et des employeurs, les représentant(e)s des travailleurs/euses, ainsi qu’une partie des représentations gouvernementales, ont appuyé la proposition que j’ai faite durant ma présentation au nom de l’IE, qui consiste à former une commission de contact chargée de constater les violations des droits humains dans le pays et d’en assurer le suivi.

Participer à ce type d’activité aide à renforcer la réflexion stratégique : apprendre à penser et à planifier avant d’agir. Avoir des échanges avec les dirigeant(e)s mondiaux/ales nous offre l’occasion d’envisager d’autres types de formation et de connaître d’autres réalités politiques. Par ailleurs, entretenir des contacts avec des organisations apparentées aux nôtres nous amène à nous rendre compte que la problématique syndicale est identique partout dans le monde : le syndicat doit mener une lutte permanente pour respecter ses engagements vis-à-vis de ses affilié(e)s. Seule une unité solide de toutes les forces syndicales du monde pourra sauver le mouvement ouvrier et syndical des attaques néolibérales systématiques. Pour cela, il est nécessaire de prévoir un grand nombre de formations et d’amener à une conscience sociale - travail que les syndicats d’Amérique latine et du reste du monde en général doivent assurer de toute urgence.

Entretenir des liens avec le monde syndical nous rend plus solidaires vis-à-vis de ceux et celles qui ont moins de formation et fait de nous de véritables travailleurs/euses au niveau mondial. De plus, comme on a pu l’observer lors de la conférence, il convient de créer un espace de formation plus important encore parmi les femmes affiliées, afin de multiplier leurs possibilités de participer à toutes les organisations au niveau national et international. Tout être humain adulte dans notre monde doit pouvoir aspirer à un travail digne, dans la mesure où cela a une incidence, au niveau macro, sur le tissu social des nations et, au niveau micro, sur les structures familiales qui, lorsqu’elles elles bénéficient de conditions de travail équitables, contribuent également à offrir une enfance décente à nos enfants, ainsi qu’un accès à l’éducation gratuite de qualité et à des conditions générales favorables à leur développement physique, émotionnel et intellectuel.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.